Cette grande propriété, nichée dans un superbe parc de 7.000m², avait provoqué un coup de foudre immédiat sur le couple. Elle se projetait déjà dans les chambres d’hôtes qu’elle rêvait de créer. Lui imaginait déjà l’endroit où il installerait ses autos de collection. Dame, avec une maison de presque 500m² habitables et de nombreuses dépendances, ce n’est pas la place qui manquait ! Comparé à leur deux pièces-cuisine en région parisienne, c’était le jour et la nuit. Mais quel rapport, me direz-vous, avec un detecteur de metaux ? J’y viens.
Très vite, les copains n’avaient pas tardé à rappliquer. Tous succombèrent au charme de cette grande maison de maître, construite au 19e siècle, en belle pierre du pays charentais. Un lieu chargé d’histoire, assurément. Les anciens propriétaires n’avaient-ils pas raconté que cette maison avait été érigée par un armateur rochelais ayant fait fortune dans la traite négrière et qui, sentant le vent tourner après l’abolition de l’esclavage, avait vendu ses bateaux pour tout réinvestir dans cette propriété vinicole ? À l’heure de l’apéro, sous le figuier, l’histoire remportait toujours un franc succès !
Le butin du négrier
C’est sans doute ce qui poussa Olivier à parler un jour de cette maison au guérisseur qu’il aimait consulter à tout bout de champ. Le bonhomme l’écouta attentivement et, à la fin du récit, prit une feuille de papier sur laquelle il dessina précisément l’allée par laquelle on entrait dans la propriété, la maison de maître et les dépendances… tout cela sans jamais y être allé ! Et surtout, il pointa avec son stylo un bâtiment que les anciens propriétaires appelaient “la cabane à cochons” en affirmant : “c’est là que je vois un trésor”.
Cette prédiction fit l’effet d’une bombe et, surtout, elle provoqua chez tout ce petit monde une irrépressible envie de passer à l’action ! Comme souvent en pareil cas, il y en avait un dans la bande qui connaissait quelqu’un qui avait un détecteur de métaux. Et pas n’importe quoi ! Lorsque Pascal, le copain chercheur de trésors, déboula avec son matériel on eut immédiatement la certitude que le garçon ne rigolait pas : détecteur équipé d’un disque xxl, écran fixé sur l’abdomen, casque sur les oreilles… Si un trésor était caché dans la cabane à cochons, sûr que ce soir il aura changé de mains !
Fausses alertes
L’après-midi fut très dense, entre messe noire et rite vaudou, avec un Pascal plongé dans ses recherches, en mode concentration extrême et refusant toute aide de notre part. Régulièrement, la fièvre s’emparait du groupe lorsque le sonar se mettait à crépiter. Pelle, pioche, parfois à mains nues… c’était à qui creuserait le plus vite et le plus profond ! Mais à la fin de la journée, le butin se révéla bien maigre : un seau rouillé, une lame de scie sans âge, un poids en fonte, deux ou trois babioles sans nom ni aucune valeur… La cabane à cochons n’avait pas d’autre trésor à nous dévoiler. Mais entre deux éclats de rire, en savourant un apéritif bien mérité, nos héros envisageaient déjà d’autres lieux de fouilles pour un trésor qui n’a pas fini de faire parler de lui.